
Réforme du pass Culture : un coup de frein à la lecture des jeunes et à leur fréquentation des librairies
Le SLF appelle la ministre de la Culture à organiser une concertation pour maintenir la dynamique positive que le pass a créé au niveau de la lecture.
Le Syndicat de la librairie française regrette que les mesures de restriction budgétaire, aussi justifiées qu’elles puissent être dans leur principe général, pénalisent un dispositif qui développe la pratique de la lecture chez les jeunes de toutes origines sociales et leur fréquentation des lieux de découverte culturelle que sont les librairies.
En réduisant à la fois le nombre de bénéficiaires et la dotation qui leur est versée, cette réforme va considérablement atténuer l’élan que ce dispositif a créé dans les relations entre les jeunes, le livre et les librairies. Rappelons qu’au moment où de nombreuses études pointent la baisse de la lecture chez les jeunes, ceux-ci ont librement choisi de privilégier le livre dans leur usage du pass Culture. Il faut d’autant plus s’en réjouir que, contrairement, aux idées reçues, les achats de livres via le pass Culture sont loin de se limiter au manga et à la romance, par ailleurs injustement stigmatisés alors qu’ils constituent des voies populaires d’accès à la lecture. La littérature, les sciences humaines, les ouvrages pratiques ou encore ceux portant sur l’art et la mode sont également plébiscités.
Près de la moitié des usagers du pass Culture ont découvert un nouveau lieu du livre, marchand ou non marchand, grâce à ce dispositif. Dans les deux tiers des cas, ce sont des librairies indépendantes que découvrent les jeunes. En librairie, ces derniers sont accompagnés. Cette médiation permet de les mettre à l’aise par rapport au livre et, dans de nombreux cas, de leur donner un goût pérenne pour la lecture. Par ailleurs, près de 70% des jeunes issus de milieux populaires utilisent le pass Culture, soit bien davantage que pour toute autre pratique culturelle.
Le Syndicat de la librairie française est surpris que cette réforme entre en vigueur sans concertation sur les moyens de maintenir, voire d’amplifier, cette dynamique très positive que le pass Culture a su créer au niveau du livre et de la lecture. Il est d’autant plus surpris que la ministre de la Culture, Rachida Dati, avait déclaré, en novembre 2024, lors de l’annonce d’une réforme à venir du pass Culture, qu’elle ne souhaitait pas que celle-ci se fasse « au détriment du secteur du livre, plébiscité par les usagers ». A cet effet, elle avait mis en place une « mission flash » chargée « d’étudier l’impact de la mesure sur le secteur du livre et de la lecture, et de proposer des solutions qui valorisent le réseau des librairies indépendantes, souvent la première porte d’entrée des jeunes vers la lecture et la culture ». Or, cette mission, dont le rapport n’a pas été rendu public, n’est jamais revenue vers les libraires pour discuter de mesures visant à atténuer l’effet de la réforme sur leur profession.
Le Syndicat de la librairie française appelle donc la ministre de la Culture à prendre l’initiative d’une concertation permettant d’atteindre les objectifs qu’elle avait elle-même définis. Les libraires, pour leur part, vont continuer à s’investir pleinement auprès des jeunes pour leur faire connaitre leurs offres et partager avec eux le plaisir inégalé de la lecture.