Projets de lois de finances 2025, des menaces contre les librairies

Projets de lois de finances 2025, des menaces contre les librairies

Le SLF s’inquiète des mesures discutées dans le cadre des PLF 2025 qui pourraient avoir des effets contre-productifs sur l’emploi et sur la diffusion du livre et de la lecture. 

Le Syndicat de la librairie française s’inquiète de l’impact de plusieurs mesures discutées dans le cadre des projets de loi de finances 2025 (PLF et PLFSS) qui pourraient avoir des effets contre-productifs sur l’emploi comme sur la diffusion du livre et de la lecture.

Les 3 000 librairies indépendantes françaises représentent le premier circuit de vente de livres en France. Elles jouent un rôle essentiel dans la diffusion du livre et de la lecture auprès du public comme dans l’animation culturelle des territoires, qu’il s’agisse des métropoles, des villes moyennes ou de très nombreux bourgs et villages.

La faiblesse des marges et le niveau élevé de charges (personnel, loyers de centre-ville, transport, énergie…) placent malheureusement les librairies indépendantes parmi les commerces les moins rentables en France (étude Xerfi sur la situation économique des librairies indépendantes - 2024). Dès lors, le moindre déséquilibre peut affecter sévèrement des économies déjà précaires.

Telle est la raison pour laquelle le Syndicat de la librairie française s’inquiète de l’impact de plusieurs mesures discutées dans le cadre des projets de loi de finances 2025 (PLF et PLFSS) qui pourraient avoir des effets contre-productifs sur l’emploi comme sur la diffusion du livre et de la lecture.

La réforme des exonérations patronales sur les bas salaires : des risques sur l’emploi et la qualification en librairie

Si l’objectif global de cette réforme peut être partagé, son application en librairie serait lourde de conséquences, les bas salaires y étant très majoritaires, non par « effet d’aubaine » mais par contrainte économique. Selon la dernière étude du cabinet Xerfi sur l’économie des librairies indépendantes, les exonérations patronales représentent plus de la moitié du bénéfice annuel d’une librairie.

La plupart des librairies ne pourraient pas supporter un alourdissement du coût du travail et se verraient obligées de renoncer à des embauches ou de ne pas remplacer des départs, voire de licencier, entraînant des effets sociaux néfastes ainsi qu’une baisse du niveau de qualification au détriment de la diffusion de la création éditoriale et du développement de la lecture.

Cette réforme placerait les librairies en position désavantageuse par rapport à leurs concurrents, grandes surfaces ou plateformes de vente en ligne, qui ont des frais de personnel beaucoup moins élevés (20% en librairie contre 12% dans les grandes surfaces culturelles, 10% dans les grandes surfaces alimentaires et 4% chez les acteurs du e-commerce).

La baisse des aides à l’apprentissage : des risques sur l’emploi des jeunes

La réforme du seuil d’exonération de cotisations, l’assujettissement à la CSG-CRDS ou la baisse de l’aide à l’embauche risqueraient de remettre en cause la présence de nombreux jeunes dans les librairies alors que l’apprentissage débouche dans 70 % des cas sur des embauches, ce qui illustre l’utilisation vertueuse qui en est fait dans notre profession.

La réforme du pass Culture : ne pas briser le formidable élan des jeunes vers le livre et la lecture

Notre profession s’inquiète d’une réforme du pass Culture dès lors que celle-ci freinerait le formidable élan des jeunes vers le livre et la lecture. Les libraires indépendants se sont pleinement investis pour faire du pass Culture un outil de démocratisation de l’accès au livre.

Nous pouvons attester que le pass Culture fait venir en librairie des jeunes qui ne poussaient jamais la porte de nos commerces. Nous les accueillons, nous les accompagnons afin d’élargir leurs pratiques de lecture et de les inscrire dans le temps en leur donnant tout simplement le goût de lire. L’un des atouts des librairies indépendantes est de concilier la culture populaire et des formes de création plus exigeantes et de pouvoir faire circuler les lecteurs de l’un à l’autre.

En librairie, le pass Culture n’est ni un « pass mangas » ni un « pass romance », ces deux catégories représentant moins d’un tiers des achats des jeunes munis du pass. Il est une porte indispensable ouverte sur la découverte et la diversité.

Nous demandons aux parlementaires de prendre en compte les réalités et les enjeux des librairies indépendantes et du livre dans le cadre des discussions en cours sur ces mesures financières.